De la nécessité de faire des bébés
Le mois dernier, dans un articlé titré sans détour « La Corée a besoin d’enfants » (merci Christophe !), Libération illustrait l’engagement du gouvernent sud-coréen dans une nouvelle politique de natalité par l’image d’une publicité mettant en scène une famille de deux enfants. Un petit coup d’œil au CIA World Fact book nous confirme que l’estimation pour 2006 du taux de natalité est de 1,27 enfant par femme, positionnant la Corée du Sud en 215ème position sur une liste de 226 pays. Sachant que le seuil de renouvellement des générations s'élève à 2,1 enfants par femme, on comprend que le pays est en pleine crise de vieillissement. On peut tout d’abord arguer le coût de l’éducation, exorbitant si l’on considère qu’en plus de la scolarité « de base », les élèves sont généralement inscrits à plusieurs cours non pas de rattrapage mais d’approfondissement dans des instituts privés aux tarifs conformément élevés. Il n’est d’ailleurs pas rare de croiser à 9 heures du soir dans les rues de Séoul de jeunes enfants en uniforme scolaire, cartables sur le dos, rentrant chez eux après leurs dernières classes. Le système de retraite étant quasi virtuel, les parents semblent « investir » dans leur progéniture qui, si proprement éduquée et compétitive, pourra les prendre à charge au moment voulu. D’ailleurs, tous ces parents n’ont-ils pas été eux-mêmes élevés selon l’adage « 하나만 나아 잘 기르자 » (n’ayons qu’un seul enfant, mais que nous allons bien éduquer). Car en plus d’être une question de forme, le fond semble être également en cause.
En effet, au vue des corrections que le Ministère de l’Education souhaite apporter aux manuels scolaires, ce sont bien les mentalités que le gouvernement s’est mis en devoir de faire évoluer. Voici à titre d’exemple un échantillon des phrases qui vont être supprimées de ces livres d’école :
« Une mère qui travaille ne s’occupe pas des tâches ménagères,
alors la maison est en désordre. »
« Une énorme croissance de la population est la cause de nombreux problèmes tels que la destruction de l’environnement. »
« Dans une société qui vieillit, la population en hausse est celle des personnes âgées et malades, qui deviennent un fardeau social. »
Ces stéréotypes balayés, le prochain défi à relever sera de concilier dans un même message aux jeunes filles la nécessité de poursuivre une carrière tout en ayant beaucoup d’enfants. Deux notions antinomiques que le gouvernement, dont on applaudit la bonne volonté, devra sans doute accompagner de mesures sociales en cohérence avec son ambition, telles que la mise en place de congés maternité ou encore, la formation de nourrices agréées, un métier quasi inexistant dans un pays où l’on n’a pas pour habitude de confier son enfant à autrui. Bref, une révolution est en cours…