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Madame Choi
7 octobre 2006

De la nécessité de faire des bébés

familleLe mois dernier, dans un articlé titré sans détour « La Corée a besoin d’enfants » (merci Christophe !), Libération illustrait l’engagement du gouvernent sud-coréen dans une nouvelle politique de natalité par l’image d’une publicité mettant en scène une famille de deux enfants. Un petit coup d’œil au CIA World Fact book nous confirme que l’estimation pour 2006 du taux de natalité est de 1,27 enfant par femme, positionnant la Corée du Sud en 215ème position sur une liste de 226 pays. Sachant que le seuil de renouvellement des générations s'élève à 2,1 enfants par femme, on comprend que le pays est en pleine crise de vieillissement. On peut tout d’abord arguer le coût de l’éducation, exorbitant si l’on considère qu’en plus de la scolarité « de base », les élèves sont généralement inscrits à plusieurs cours non pas de rattrapage mais d’approfondissement dans des instituts privés aux tarifs conformément élevés. Il n’est d’ailleurs pas rare de croiser à 9 heures du soir dans les rues de Séoul de jeunes enfants en uniforme scolaire, cartables sur le dos, rentrant chez eux après leurs dernières classes. Le système de retraite étant quasi virtuel, les parents semblent « investir » dans leur progéniture qui, si proprement éduquée et compétitive, pourra les prendre à charge au moment voulu. D’ailleurs, tous ces parents n’ont-ils pas été eux-mêmes élevés selon l’adage « 하나만 나아 잘 기르자 » (n’ayons qu’un seul enfant, mais que nous allons bien éduquer). Car en plus d’être une question de forme, le fond semble être également en cause.

En effet, au vue des corrections que le Ministère de l’Education souhaite apporter aux manuels scolaires, ce sont bien les mentalités que le gouvernement s’est mis en devoir de faire évoluer. Voici à titre d’exemple un échantillon des phrases qui vont être supprimées de ces livres d’école :

« Une mère qui travaille ne s’occupe pas des tâches ménagères,
alors la maison est en désordre.
»

« Une énorme croissance de la population est la cause de nombreux problèmes tels que la destruction de l’environnement. »

« Dans une société qui vieillit, la population en hausse est celle des personnes âgées et malades, qui deviennent un fardeau social. »

Ces stéréotypes balayés, le prochain défi à relever sera de concilier dans un même message aux jeunes filles la nécessité de poursuivre une carrière tout en ayant beaucoup d’enfants. Deux notions antinomiques que le gouvernement, dont on applaudit la bonne volonté, devra sans doute accompagner de mesures sociales en cohérence avec son ambition, telles que la mise en place de congés maternité ou encore, la formation de nourrices agréées, un métier quasi inexistant dans un pays où l’on n’a pas pour habitude de confier son enfant à autrui. Bref, une révolution est en cours…

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Commentaires
J
Il faudrait aussi éduquer les jeunes gens pour qu'ils assument leur rôle de géniteur car, jusqu'à présent, sperme et ovule sont nécessaires au lancement d'une grossesse, qu'elle soit désirée ou non désirée.<br /> <br /> Par ailleurs, il ne suffit pas de fournir une éducation sexuelle ou parentale visant à former de "bons" parents qui n'auront pas l'idée d'abandonner leur progéniture. <br /> Il faut aussi mettre en place des mécanismes, sociaux ou financiers, permettant au(x) parent(s) de garder l'enfant si l'abandon est d'abord motivé par la situation financière, ce qui veut dire une meilleure accessibilité au travail des femmes, le plafond de verre étant quand même bien bas et très étendu en Corée, et une meilleure parité sociale. <br /> Redéfinir le statut et le rôle de la femme au sein de la société coréenne. Pas une mince affaire.<br /> <br /> De plus, la Corée commence peut-être à réaliser son erreur, mais ça ne l'empêche pas de continuer à laisser des enfants filer à l'adoption internationale, notamment vers les Etats-Unis toujours aussi demandeurs. Business as usual.<br /> <br /> Enfin, il est certain que l'on ne peut que se féliciter du changement d'orientation que l'on constate en Corée vis-à-vis de l'adoption internationale - qui est aussi dû au poids et aux voix des adoptés devenus adultes et aussi au fait que la Corée commence à se rendre compte que nous ne sommes pas tous des tarés congénitaux dépressifs et suicidaires, fruits du stupre et vecteurs de honte ^^, et qu'il y a même parmi nous de brillants éléments qu'il serait intéressant de récupérer - mais, pour le moment, la plupart des mesures semble davantage relever de l'effet de manche que d'une attaque franche des causes profondes réelles du problème. <br /> <br /> Mais bon, il est vrai qu'il faut un début à tout :-) alors espérons que dans ce cas-ci, les petits ruisseaux que l'on commence à voir perler feront de grandes rivières ^_^
M
N’oublions pas que la société coréenne est par tradition confucianiste. La femme a donc toujours eu sa place bien définie, tout comme l’homme, responsable de pourvoir aux besoins de sa famille. Mais les femmes, même mariées, sont de plus en plus nombreuses à travailler.<br /> <br /> En revanche, il est difficile de se prononcer sur l’adoption, sujet hautement tabou. J’ai cru comprendre que dans le cas d’un enfant illégitime (la mère étant soit mineure, soit célibataire), il est plus facile de l’abandonner et que d’affronter une existence d’humiliation, la société coréenne étant très sévère avec ses filles-mères qu’elle méprise. Dans d’autre cas, le problème est d’ordre financier. Même si la parenté peut dans l’absolu être sollicitée, je pense qu’elle l’est rarement car encore une fois, c’est une honte d’avoir à avouer son incapacité à prendre soin d’un enfant. D’autre part, si les tantes sont mariées, elles sont parties rejoindre le « clan » de l’époux et sont donc peut-être moins libres quant à la (grave) décision d’accueillir un nouvel enfant dans la maison. Quant aux oncles, malgré les apparences de famille soudée, il semblerait que certains « fardeaux » ne se partagent pas. Une grossesse non voulue suivie d’une adoption peut aussi avoir lieu à l’insu de la parenté, toujours par souci d’éviter blâme et mortification. Bref, chaque cas est différent, mais la pression sociale est pour beaucoup dans la décision d’abandonner son enfant. Fort heureusement, les mentalités semblent s’assouplir à ce sujet. La Corée a compris son erreur d’avoir laissé partir « ses » enfants vers des foyers étrangers. On voit des structures se mettre en place pour éduquer les jeunes filles et aider les filles-mères dans l’apprentissage de leur nouveau métier de maman. Plusieurs émissions télévisées accueillent les adoptés venus de l’étranger (principalement d’Europe et des Etats-Unis) à la recherche de leurs parents biologiques. Les retrouvailles sont également l’occasion de larmoyantes confessions et mea culpa. Bien entendu, cela ne pourra jamais réparer le tort subi, mais les intentions sont louables. <br /> <br /> Quant à la notion de compétitivité inculquée dès le plus jeune âge : il faut que cette absurdité cesse ! Une fois à l’université (y entrer est le plus difficile, mais en sortir avec un diplôme est presque garanti), tout se stresse de libère enfin sous la forme de cuites quotidiennes aux qualités productives plus qu’improbables. La Corée, pays de contradictions...
F
QUand je lis ca:« Une mère qui travaille ne s’occupe pas des tâches ménagères, alors la maison est en désordre. »<br /> <br /> je suis effarée... il y a vraiment beaucoup à faire pas seulement pour faire faire des bébés...
Y
Changer la mentalité sera une longue tâche!<br /> D'ailleurs, pouvez-vous m'éclairer sur un point quant à la place de la famille et du lien du sang?<br /> J'ai été adoptée et j'ai retrouvé mon père de Corée. Il m'a affirmé que la famille est sacrée! C'est pourquoi il regrettait de ne pas m'accueillir comme il se doit (je passe les détails. Or,malgré une grande fatrie, aucun oncle ou tante ne m'a prise (ainsi que mon frère), ce qui se fait généralement en France. Pourquoi? Est-ce la peur de se dire que n'étant pas de leur sang, nous ne nous occuperions pas d'eux dans leur vieillesse et donc qu'il est vain de se "sacrifier" popur nous? Ou est-ce autre chose? Quelle est la place du confucianisme dans tout cela?<br /> <br /> merci pour vos réponses!
F
... ca ne serait pas un mal en effet. Si on pouvait en plus alleger cette scolarite trop pesante (un enfant devrait pouvoir s'amuser... surtout si c'est pour passer sa vie dans un bureau ensuite), peut-etre qu'etre un mome en coree pourrait commencer a devenir sympa.
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