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Madame Choi
15 juillet 2007

Une affaire en suspens

ganghwaIls sont apparus par une belle journée de septembre 1866, d’étranges bâtiments aux voiles blanches crachant de la vapeur, manœuvrés par des hommes tout aussi singuliers, aux cheveux clairs et aux grands yeux, affublés d’accoutrements colorés et s’exprimant dans une langue aux intonations rocailleuses. Les curieux se pressent sur les berges, à l’embouchure du fleuve Han. Hommes, femmes, enfants, tous de blanc vêtus, observent ces embarcations insolites qui remontent lentement le fleuve, en direction de la capitale. Ces badauds ignorent que ces marins français viennent de traverser la mer jaune pour une mission de repérage des fonds fluviaux en prévision d’une invasion ultérieure. Il s’agit en effet de venger le martyr de neuf missionnaires français en faisant de la péninsule rien moins qu’une nouvelle colonie de l’Empire. A l’approche de Séoul ont soudain lieu quelques échanges de flèches et de boulets. Les canonnières ont rapidement le dessus et les français repartent sans dommage.

Un mois plus tard, l’expédition – militaire cette fois –, menée par le contre-amiral Roze (1812-1882), est de retour. L’île de Ganghwa, qui n’avait pas connu d’invasion depuis celles des mandchous, deux siècles auparavant, n’est pas armée ni suffisamment fortifiée pour faire face à l’assaut. Elle est investie par les troupes françaises le 16 octobre. Les pourparlers avec le régent Heungseon (qui traitait au nom du roi Gojong, alors âgé de 14 ans) ne donnant aucun résultat, les français firent plusieurs vaines tentatives pour avancer dans les terres ; mais la défense contre l’envahisseur occidental s’était entre-temps organisée. Se rendant à l’évidence que la France, qui n’avait nullement mandatée cette « invasion », n’avait pas l’intention d’envoyer de renfort, Roze et sa flotte évacuent Ganghwa le 11 novembre, non sans avoir piller la bibliothèque de l’île où se trouvait notamment entreposées de nombreuses archives royales consacrées à l’étiquette de la cour. Au moment du départ, les français mettent le feu à tout ce qui n’a pu être embarqué et abandonnent quelques pièces d’artillerie, exposés aujourd’hui dans l’enceinte des fortifications qui ont depuis été reconstruites. lemonde

Premier conflit de l’histoire opposant les coréens aux occidentaux, cet « incident » – baptisé 병인양요 (crise occidentale de l’an byeong-in) par les coréens – n’est à ce jour toujours pas résolu. En effet, exhumés des archives de la Bibliothèque Nationale il y a quelques années par cette chère Madame Byeng-sen Park, les ouvrages pillés n’ont pas été restitués à la Corée (sauf un, carotte de Mitterand pour décrocher un contrat juteux), qui les réclame à coups de publicité dans les pages d’un grand quotidien national. Quant à l’île, elle accueille désormais de nombreux visiteurs, venus pour beaucoup faire le plein de ginseng (mais c’est une autre histoire…).


[ Récit plus détaillé de cette occupation française ici ; témoignage (édifiant) d’un mécanicien de bord . ]

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Commentaires
F
Precisons tout de meme, que selon la version Coreenne, l'armee francaise s'est ecrasee telle un moustique trop presse sur le mur (ou pare-brise) de la forteresse imprenable de Kang-hwa do, fuyant la queue entre les jambes les bras charges de bouquins (qu'ils ont obtenu on ne sait comment puisqu'ils sont censes avoir ete repousses, perdant 77 de leur hommes contre 1 (sic) seul vaillant Han, surement un vieillard mort d'une crise cardiaque face au vacarme des explosions de poudre).<br /> <br /> La grande question restera, outre la version de l'histoire a retenir : pourquoi attaquer Kang-Hwado ? C'est toujours aussi perdu et moisi apres 200 ans (un endroit comme je les aime)...
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