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Madame Choi
6 avril 2010

한식 – Hanshik, l’autre Toussaint

On fait souvent le parallèle entre la Toussaint et la fête coréenne des récoltes Chuseok, durant laquelle on rend hommage aux ancêtres. Néanmoins, le calendrier coréen compte une autre journée consacrée à la visite des tombeaux ancestraux : Hanshik, dont la date est fixée au cent-cinquième jour suivant le solstice d’hiver. Ce jour de fête d’origine chinoise, que l’on trouve également au Japon, était autrefois considéré comme aussi important que les célébrations de Seollal, Chuseok et Dano. En Corée, les sépultures qui parsèment les montagnes prennent la forme de petits monticules de terre recouverts de gazon, et nécessitent donc un entretien régulier. Dès l’époque de Goryeo (918-1392), les fonctionnaires obtenaient, le jour de Hanshik, une permission spéciale pour aller se recueillir sur les tombes de leur famille (et procéder à leur désherbage par la même occasion.)

Par ailleurs, le terme Hanshik se traduit par « nourriture froide ». En effet, il était autrefois coutume de ne servir ce jour-là à table que du riz cuit la veille et des aliments crus. A l’origine de cette tradition, un mythe impliquant un haut dignitaire chinois du nom de Gaejachu (ou Jiezitui en chinois) qui vécu durant la dynastie Jin. Chassé par un perfide ministre, il se serait exilé sur le mont Myeon. Le souverain parti à la recherche de ce précieux conseiller mais ne put le convaincre de quitter son ermitage. Aussi mit-on le feu à la montagne dans l’espoir de le contraindre à fuir son repaire. Or personne ne sorti du brasier. Ainsi, en mémoire de Gaejachu qui fut brûlé vif ce jour-là, on n’allume pas de feu le jour de Hanshik.

Cette légende est parfois dédaignée en faveur d’une autre tradition qui voulait qu’au début du printemps, on éteigne le « vieux feu » pour en rallumer un nouveau. C’était l'empereur en personne qui avait la tâche d’allumer un nouveau feu au sein de palais. Celui-ci était ensuite distribué aux haut dignitaires et fonctionnaires de la cour qui se devaient de le transmettre aux gens du peuple. Contraintes logistiques obligent, cette cérémonie revêtait plus une valeur symbolique et le peuple se contentait d’éteindre le feu de l’année passé puis d’en rallumer un nouveau au lendemain de Hanshik.

Les paysans choisissaient également cette date pour commencer à semer leurs champs. On croyait que s’il pleuvait le jour de Hanshik, les récoltes seraient bonnes. Cette pluie porte d’ailleurs le nom de mulhanshik et est associée aux larmes destinées à apaiser l’âme de Gaejachu.

물한식에 불단오라.
Pluie de Hanshik, soleil de Dano.
C’est le vœu des agriculteurs qui espèrent ainsi optimiser leurs récoltes.

한식에 죽으나 청명에 죽으나
Mourir le jour de Hanshik ou mourir le jour de cheongmyeon…
Expression qui équivaut en français à notre bonnet blanc ou blanc bonnet
car la date du jeolgi cheongmyeon coïncide avec celle de Hanshik.
(En 2010, cheongmyeon était le 5 avril et Hanshik, le 6.)

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Commentaires
M
Vous êtes une excellente conteuse, Mme Choi et les récits des légendes coréennes que vous nous présentez me transportent à chaque fois au milieu des rizières ou évoquent aussitôt les images de l'habitat traditionnel découvert en 2008 !<br /> <br /> Les sépultures disséminées un peu partout... y compris dans l'enceinte du Parc des pénis (!)... ont fait partie des "surprises" de notre séjour.<br /> <br /> Chez nous, ce serait interdit (sf quelques dérogations tout à fait exceptionnelles) mais sans doute pas dans notre conception des choses, si l'on se réfère aux très vieux cimetières que l'on trouve encore sur le territoire français.
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