De la multiplication des titres
Contrairement aux français, adeptes du prénom et du tutoiement amical, les coréens s’adressent entre eux par titre interposé, correspondant au rang hiérarchique (familial ou professionnel) auquel appartient l’interlocuteur. Dès leur plus jeune âge, les jeunes coréens s’habituent à appeler leurs camarades de récré plus âgés par le respectueux mais proche « grand frère » ou « grande sœur », ce qui donne en coréen 오빠 ou 언니 si l’on est une fille, et 형 ou 누나 si on l’est un garçon. Car le genre compte.
Pour illustrer la complexité des rapports familiaux, prenons l’exemple de la tante. Celles du côté du père (고모) ne portent déjà pas le même titre que leurs homologues du côté de la mère (이모). Par ailleurs, l’épouse d’un oncle du côté du père se fera appelée en fonction de la position de son mari par rapport à ses frères, soit 큰어머니 (littéralement, « grande mère ») si son mari est l’aîné, ou 작은어머니 (« petite mère ») si celui-ci est le cadet. Si vous me suivez toujours, vous êtes en train de vous demander ce qu’il en est des épouses des oncles du côté de la maman. Ces dernières portent le titre bien spécifique à leur position de 외숙모, permettant ainsi de les positionner facilement dans l’arbre généalogique de la famille.
Grâces aux mariages et aux naissances, chaque membre peut ainsi accumuler les titres, permutant constamment et avec dextérité entre les branches de l’arbre de la famille d’origine et celles de la belle-famille, entre langage formel et familier, entre haut rang et bas rang. Et s’il arrive que l’on s’oublie, l’autorité compétente aura tôt fait de nous rappeler à l’ordre. Un système très efficace pour l’apprentissage du respect des aînés que l’on doit aux valeurs et traditions empreintes de Confucianisme encore de rigueur en Corée.